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Les sans-abris

Homelessness

1             Un moment clé


Ayant récemment fait la connaissance de No, Lou prend la décision impulsive de dire à Monsieur Marin que pour son exposé de sciences économiques et sociales, elle va « retracer l’itinéraire d’une jeune femme sans abri » [P12]. Ce moment clé du livre pousse Lou à demander à No de lui accorder une interview au cours de laquelle No révèle des détails de sa vie de sans-abri. C’est un procédé narratif qui permet à Delphine de Vigan d’explorer la vie et le passé d’une jeune femme sans abri.


A key moment


Having recently met No for the first time, Lou takes a spur of the moment decision to tell Monsieur Marin that for her presentation in social sciences, she is going “to explore the back-story of a young homeless woman”. This key moment in the book drives Lou to ask No to agree to an interview during which No reveals details of her life as a homeless person. It is a plot device which allows Delphine de Vigan to explore the life and backstory of a young homeless woman.


2             Le point de vue de No


Lou parle de la vie des sans-abris du point de vue de No. Par exemple, l’image qu’elle nous donne des centres d’hébergement d’urgence n’est pas très rassurante alors qu’on pourrait croire que ces centres sont un refuge sûr pour les sans-abris. No a été seulement admise pour quatorze jours et doit quitter le centre à huit heures trente chaque matin. Elle passe le reste de la journée à « tuer le temps » ou à « traverser tout Paris pour un repas chaud » [P101]. Sans adresse fixe, trouver du travail est impossible « Pas d’adresse, pas de boulot » [P101]. Le lecteur voit la dure réalité de ces centres parce qu’ils sont présentés à travers les yeux de No.


No’s perspective


Lou talks about life on the streets from No’s perspective. For example, the picture that she paints of emergency accommodation centres is not very reassuring even though these centres could be thought of as a safe refuge for the homeless. No has only been admitted for fourteen days and must leave the centre at 8 o’clock every morning. She spends the rest of the day “killing time” or “crossing the whole of Paris for a hot meal”. Without a fixed address, finding work is impossible “No address, no job”.  The reader sees the harsh reality of these centres because they are presented through No’s eyes.


3             L’importance du passé de No


Delphine de Vigan met en avant le passé de No et cela encourage le lecteur à ressentir de la compassion pour les sans-abris. Au lieu de penser qu’elles sont toutes paresseuses ou irresponsables, le lecteur voit que le passé des personnes sans-abri peut être la principale raison pour laquelle elles ne mènent pas une vie conventionnelle. No a vécu des expériences épouvantables et l’État n’a pas trouvé de solution adéquate pour elle. Elle a été conçue lors d’un viol et par conséquent sa mère l’a rejetée. Elle a donc passé la plupart de son enfance chez ses grands-parents, dans une famille d’accueil et dans un internat. Elle a quitté l’école sans diplômes et au début du livre, elle est sans-abri parce que depuis ses dix-huit ans, elle n’a plus le droit de rester dans le foyer d’urgence où elle était hébergée [P58].


The significance of No’s background


Delphine de Vigan focuses on the No’s background and this encourages the reader to feel sympathetic towards the homeless. Instead of thinking that they are all lazy or irresponsible, the reader can see that the background of homeless people can be the main reason why they don’t lead a conventional life. No has been through some dreadful experiences and the state system has failed her. She was conceived during a rape and as a result has been rejected by her mother. She has therefore spent most of her childhood with her grandparents, with a foster family and in a boarding facility. She left school without qualifications and at the beginning of the book, she is homeless because since her 18th birthday she has no longer been allowed to stay in the emergency accommodation centre where she was staying.


4             Les femmes sans abri


Delphine de Vigan attire l’attention du lecteur sur la situation critique des femmes sans abri. Aussitôt que Lou annonce le sujet de son exposé, Monsieur Marin dit : « On recense chaque année de plus en plus de femmes en errance, et de plus en plus jeunes » [P12]. No tient à faire remarquer à Lou que les femmes sans abri sont « des femmes normales qui ont perdu leur travail ou qui se sont enfuies de chez elle, des femmes battues ou chassées » [P64]. Peu à peu la vie dehors les écrase et elle cite l’exemple de deux femmes qui se battent pour une histoire de mégot qui traîne par terre : « voilà ce qu’on devient, des bêtes, des putain de bêtes » [P65].


No fait allusion au harcèlement sexuel. Elle parle d’avoir été suivie par un homme [P64] et d’avoir été harcelée sexuellement quand elle dormait dans une tente dans la rue de Charenton [P110]. En reprenant peut-être les mots de No, Lou dit au lecteur : « Dehors, elle n’est rien d’autre qu’une proie » [P63].


Homeless women


Delphine de Vigan draws the reader’s attention to the plight of homeless women. As soon as Lou announces the topic of her presentation, Monsieur Marin says: “Every year more and more women are registered as homeless, and (they are) younger and younger”. No is at pains to point out that homeless women “are normal women who have lost their job or who have run away from home, (having been) battered or driven out”. Gradually life on the streets grinds them down and she cites the example of two women who fight over a cigarette butt that’s been dropped on the ground: “that’s what we turn into, animals, f***ing animals”.


No alludes to sexual harassment. She talks about having been followed by a man and of having been sexually harassed when she was sleeping in a tent in la rue de Charenton. Perhaps repeating No’s words, Lou says to the reader: “On the street, she is nothing other than a prey”.


5             L’apport des autres personnages principaux


Lucas, Bernard Bertignac et Monsieur Marin représentent des attitudes différentes envers les sans-abris. Alors que Lucas soutient Lou quand elle aide No, il est plus réaliste qu’elle : « On dit souvent que les gens qui sont dans la rue, ils sont cassés. Au bout d’un moment, ils peuvent plus vivre normalement » [P121]. Monsieur Marin a une approche intellectuelle au problème des sans-abris et il sait tous les chiffres et les faits [P33, P165]. Les Bertignac acceptent d’accueillir No chez eux mais quand Bernard Bertignac se rend compte qu’ils ne sont plus en mesure de s’occuper de No, il dit à Lou : « No va aller dans un centre où on va s’occuper d’elle. Elle a besoin d’aide » [P187]. Il aide No d’une façon adulte et rationnelle, au contraire de Lou qui a une approche plus spontanée et idéaliste.


The contribution of other main characters


Lucas, Bernard Bertignac and Monsieur Marin represent various attitudes toward the homeless. Whilst Lucas supports Lou when she helps No, he is more realistic than her: “People often say that people living on the street are broken. After a while, they can’t live normally anymore”. Monsieur Marin has an intellectual approach to the issue of homelessness and he knows all the facts and figures. The Bertignacs agree to welcome No into their home but when Bernard Bertignac realises that they are no longer able to look after No, he says to Lou: “No’s going to go to a centre where she’ll be looked after. She needs help”. He helps No in an adult, rational way in contrast to Lou who has a spontaneous and idealistic approach.


6             L’idéalisme de Lou


En discutant avec son père, Lou révèle son côté idéaliste. Elle propose qu’on pourrait tous héberger un sans-abri mais son père dit que « les choses sont toujours plus compliquées qu’il y paraît » [P82]. La rationalité de son père contraste vivement avec l’idéalisme de Lou. Quand son père met No à la porte, Lou n’est pas prête à écouter ses arguments, préférant aider No « jusqu’au bout » [P188].


Lou’s idealism


In discussion with her father, Lou reveal her idealism. She suggests that everyone could welcome a homeless person into their home but her father says that “things are always more complicated than it appears”. Her father’s rationality contrasts starkly with Lou’s idealism. When her father asks No to leave the family home, Lou isn’t prepared to listen to his arguments, preferring to help No “until the very end”.


7             L’apport des personnages secondaires


Au cours du récit, nous faisons la connaissance de Momo, Roger, Michel [P57-58], le garçon de la rue de Charenton [P59], la femme de la rue Oberkampf [P65] et Mouloud [P80-81]. Ces personnages encouragent le lecteur à voir les sans-abris comme des individus plutôt que comme des chiffres ou un problème social abstrait.

L’histoire de Mouloud montre qu’au niveau individuel les gens s’intéressent aux sans-abris. Les passants lui donnent de la nourriture, des couvertures et des cadeaux à Noel. Quand il meurt, ils posent des bougies et des fleurs autour de sa tente et il y a un article dans Le Parisien sur lui [P81]. Cependant, comme le fait remarquer Lou, personne n’était prêt à l’héberger et la société n’est pas capable de résoudre le problème des sans-abris alors que nous sommes capables d’envoyer des fusées dans l’espace et d’identifier les criminels à partir de leur ADN [P83].


L’assistante sociale dit au père de Lou au téléphone que « les gens de la rue ne sont pas fiables, ils repartent comme ils sont venus » [P196]. C’est un point de vue réaliste exprimé par quelqu’un qui a souvent affaire aux sans-abris dans sa vie professionnelle mais Lou n’est pas prête à l’accepter au sujet de No.


The contribution of minor characters


Over the course of the book, we are introduced to Momo, Roger, Michel, the boy from la rue de Charenton, the lady from la rue Oberkamp and Mouloud. These examples compel the reader to think of the homeless as individuals rather than as figures on a page or as an abstract social issue.


Mouloud’s story shows that on an individual level people do care about the homeless. Passers-by give him food, clothes, blankets and presents at Christmas. When he dies, people place candles and flowers around his tent and there is an article in Le Parisien about him. However, as Lou points out, no-one was prepared to give Mouloud a home and society has not found an adequate solution to eradicate homelessness despite our ability to send rockets into space and identify criminals from their DNA.


The social worker says to Lou’s father on the telephone that “homeless people are not reliable, they come and they go”. This is a realistic point of view expressed by someone who often has to deal with the homeless in her professional life but Lou is not prepared to accept it in relation to No.


8             L’indifférence


Lou semble penser que les gens sont indifférents aux sans-abris et elle trouve inadmissible que nous soyons capables « d’envoyer des avions supersoniques et des fusées dans l’espace » [P82] mais aussi « de laisser mourir des gens dans la rue » [P82]. Quand les Bertignac reviennent de leur séjour en Dordogne, Lou est choquée de voir des campements de sans-abris au bord du périphérique. Elle remarque l’apparente indifférence de ses parents : « mon père et ma mère regardaient droit devant eux » [P178]. Après le départ de No de chez les Bertignac, Anouk et Bernard commencent à faire des projets pour l’avenir, et une fois de plus, leur apparente indifférence dégoûte Lou : « vous vous en foutez pas mal, de No comme de moi,…vous préférez regarder le catalogue Ikéa » [P230-231].


Indifference


Lou seems to think that people are indifferent to the homeless and she finds it unacceptable that we are capable of “sending supersonic planes and rockets into space” but also of “allowing people to die in the street”. When the Bertignacs are on their way back from their stay in Dordogne, Lou is shocked to see the camps of homeless people next to the périphérique (the Paris ring road). She notices the apparent indifference of her parents: “my father and my mother were looking straight ahead”. After No has left the Bertignac home, Anouk and Bernard start to make plans for the future, and once again, their apparent indifference disgusts Lou: “you don’t care much, about No or about me,…you prefer to look at the Ikéa catalogue”.


9             Une autre vue de Paris


Paris est souvent dépeint comme une ville romantique où les touristes viennent en grand nombre visiter les sites touristiques. Lou habite près du Cirque d’Hiver (P27) dans le onzième arrondissement de Paris, un arrondissement tendance plein de cafés, restaurants, boutiques et galeries à la mode. Quelques-uns des meilleurs restaurants du quartier sont dans la rue Oberkampf. Cependant, dans No et moi, nous voyons les rues et les gares du point de vue des sans-abris. Ce sont de vrais endroits situés dans ou près du onzième arrondissement, ce qui donne plus de réalisme au récit. Dans la conclusion de son exposé Lou parle de « cette ville invisible, au cœur même de la ville » [P70] et c’est le Paris que le lecteur voit dans No et moi.


An alternative view of Paris


Paris is often depicted as a romantic city where tourists flock to visit the sights. Lou lives near the Cirque d’Hiver in the hip 11th arrondissement of Paris full of fashionable cafes, restaurants, boutiques and galleries. Some of the best restaurants are in rue Oberkampf. However, in No et moi we see the streets and stations from the perspective of the homeless. They are real places mostly situated in or adjacent to the 11th arrondissement, which adds realism to the story. In the conclusion to her presentation, Lou talks about « this invisible city, in the very heart of the city” and this is the Paris that the reader sees in No et moi.


10        Une étude de la vie des sans-abris ?


Le professeur de sciences économiques et sociales, Monsieur Marin, débite des statistiques et des faits qu’on trouverait dans une étude sur les sans-abris mais cela ne dure qu’un paragraphe. Monsieur Marin a une approche théorique au problème des sans-abris tandis que l’histoire de Delphine de Vigan est une œuvre de fiction qui décrit des événements et met en vie des personnages fictifs. Néanmoins, elle fait réfléchir le lecteur à la vie des sans-abris et une œuvre d’art peut quelquefois exprimer des idées complexes et paradoxales qui sont difficiles à mettre en valeur dans une étude.


L’œuvre de Delphine de Vigan est un roman qui traite non seulement du thème des sans-abris mais aussi d’autres thèmes tels que la solitude, l’amitié et l’amour. On pourrait le considérer comme un roman d’apprentissage centré sur l’évolution de la narratrice, Lou.


A study of the life of the homeless?


The social sciences teacher, Monsieur Marin, spouts statistics and facts that would be found in a study on homelessness, but this only lasts for one paragraph. Monsieur Marin has a theoretical approach to the issue of homelessness whilst Delphine de Vigan’s story is a work of fiction and describes events and brings to life fictional characters. Nevertheless, it makes the reader think about the life of the homeless and a work of art can sometimes express complex and paradoxical ideas that are difficult to do justice to in a study.


Delphine de Vigan’s work is a novel that not only deals with the theme of homelessness but also with other themes such as loneliness, friendship, and love. It could be considered as a coming-of-age novel focusing on the development of the narrator, Lou.

Les sans-abris: Teacher Training
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